Archives pour la catégorie Batut d’Haussy Mireille

Filles de Delphes

Mireille Batut d’Haussy

collection Cinécrit

Filles de Delphes

294 pages – 20 euros – ISBN 978 2 919121 32 8

La fable fait éclater le récit, comme les mythes dont elle se nourrit en aveugle ; souvent, à son insu. 

Aucun contexte, détail matériel ou chronologique, ne parvient à lester assez le roman qui les accumule pour mieux nier leur poids, toujours lui échapper ; déplacer l’histoire sur une autre scène, parfois plusieurs en même temps. 

Les anecdotes, triviales ou mesquines que véhiculent les groupes d’époque, ne parviennent ni à intégrer ni à entamer les échanges, les combats singuliers qu’elles croisent, stigmatisent sans jamais les contaminer, les retenir ni leur appartenir. 

De l’actualité ne restent que les images brûlées d’une pellicule où pailles et sons ont échappé aux tissus usés qui prétendaient leur donner formes. 

Ce livre s’est construit, refermé, resserré, a fonctionné comme un piège, un labyrinthe de miroirs étagés où toute figure est vouée à épouser l’Autre sans retour. 

Moins pour accéder ou atteindre que pour communiquer en échos, de reflets en reflets. 

Mbh

La dernière page de « Filles de Delphes » est tournée que, comme le personnage d’Anne, « on refuse de quitter son siège » saisi par la mélancolie d’un passé non vécu.

La plume de Mireille Batut d’Haussy nous convie dans l’intimité fébrile de la danse, «  un corps, un vrai, c’est une âme qui brûle sa matière pour trouver sa lumière »,ou tourmentée de la peinture, « je ne terminerai jamais cette toile….il vaut mieux mettre fin à ce ridicule travail de Pénélope » . Elle nous installe dans un café fréquenté par Artaud et nous fait retrouver l’essentialité de notre enfance « le pire c’est quand les hommes, comme toi et moi, ne savent plus ni ce qu’ils aiment ni ce qu’ils veulent….jusqu’à ce qu’ils redeviennent assez petits pour rechercher le grand, l’unique aquarium qui voudrait encore d’eux. »

La même plume nous murmure « qu’édifier dans l’éphémère, avec le produit d’érosions immémoriales, c’est l’essence même de la poésie… »

Filles de Delphes est l’aventure des aventures de vies en quête de la sortie des labyrinthes.

Noir salle !

Jean-Marie Lejude, metteur en scène, écrivain.

Nelson n’était peut-être… même pas son nom

Mireille Batut d’Haussy

collection Cinécrit

95 pages – 15 euros – ISBN 978 2 919121 33 5

Ce qui est raconté, ici, de cette histoire, reste nommé selon son lieu et son temps d’amour en souffrance. 

Mais elle se rejoue chaque jour quelque part ; tous les jours en mille lieux. 

Et jamais rature n’a moins signifié oubli et dépassement. 

Fidèle à celle qu’on m’a forcée à être, je le suis à ceux pour lesquels je l’ai été. Je continue à les aimer d’un amour si fort qu’il me tient en vie pour continuer à les invoquer, à les appeler, pour dire Non en leur Nom, comme circule le sang de la parole donnée. 

Avec le désir profond de n’avoir plus à se retourner, chaque fois, parce que l’on porte en soi l’essence de cette histoire-là. 

Mbh

Avec Nelson n’était peut-être… même pas son nomde Mireille Batut d’Haussy on est dans l’Histoire, celle de la dictature. 

« Les serrures sont montées à l’envers », ce qui fait sortir les mots de leurs gonds ; ils sont tirés-éclatés au-delà des murs, des corps, des pleurs, des haines et des colères. Vers l’au-delà de l’incompris. Ils savent les lumières et le son cinématographiques aussi bien que le trop plein du vide des écrans. Ils ont le jeu des motscomme arme déstabilisante où s’inventent des faux noms pour des innommables. Ils ont la violence de l’épure toute crue qui trouble et fascine.

Et l’auteure de nous avertir : « tant que l’on n’a pas traversé la fascination du mal, tant que l’on n’a pas repoussé la tentation de ne faire qu’un avec soi, on ne sait pas qui l’on est. » 

Le récit en forme de film qu’elle nous livre est peut-être une partie de son Non.

Jean-Marie Lejude, metteur en scène, écrivain.

comme un lendemain de soi

Mireille Batut d’Haussy

Collection hasta siempre

comme 75p

comme un lendemain de soi

Poésie – 213 pages – 20 euros – ISBN 978 – 2 – 919121 – 26 -7


À l’affût de ses aubes, au fil de ses lumières, il s’est écrit tout un hiver.

Sur les mouvantes frontières aux senteurs d’algues, mes longues marches parmi les mouettes et les sternes m’ont souvent permis d’accéder à une zone franche de présence et de vérité.

Mon crayon enregistrait à son tour, élans et retenues, surcharges et repentirs, comme la pointe encrée d’un baromètre où l’on néglige de changer le rouleau de papier.

« Marges », telle était ma façon de nommer ces textes commencés pendant les grandes marées, poursuivis dans les tempêtes puis les grands froids du début de l’année. Ils se sont accumulés comme laisse de mer.

La presqu’île déserte brassée par les éléments, ma maison secouée par la pluie et le vent, leurs nuits hantées de craquements et de cris, de vols heurtés d’oiseaux en détresse ont offert à cette écriture élémentaire un nid qui leur ressemble.

Dans le printemps juste entrevu d’un retour en ville, le travail s’est imposé avec la nécessité cruelle d’avoir à diviser ce qui ne pouvait être qu’un ; d’où ces recueils comme les trois mouvements d’une pièce qui aurait nom et accès interdits, tant que tout ne serait pas fini.

mbh


 

un hiver entier

Mireille Batut d’Haussy

Collection hasta siempre

un 75p

un hiver entier

Poésie – 199 pages – 20 euros – ISBN 978 -2 – 919121-25-0


C’est un lieu, un climat, une saison où ma raison d’être n’était que vivre de l’air du temps et m’interroger sur une pratique qui le dévorait quand le travail sur l’écriture des autres me le permettait.

Par chance, dans cette période, les manuscrits qui m’étaient confiés m’entraînaient très loin de moi, aussi loin que possible, aux antipodes où que je sois.

Plutôt que de parcourir le globe en surface, sans autre choix possible, j’empruntais chaque fois le plus court chemin: voyage au centre de la terre, descente aux enfers ; ces allers et retours n’avaient d’autre objet, d’autre matière que l’écriture elle-même livrée au combat toujours singulier avec le réel, ou le fuyant en vain pour mieux replonger dans l’arène.

Si je travaille sur fond de mélancolie comme d’autres peignent sur des toiles mal préparées, je n’ai pas peur, à force de gratter, de crever le support.
Tenter d’accéder à ce qu’il y a derrière et avant, en de ça et au-delà, serait-ce, après avoir délaissé tant d’autres moyens de m’exprimer, ma seule raison d’écrire?

mbh

 

effacé dans la marge

Mireille Batut d’Haussy

Collection hasta siempre

effacé 75p

effacé dans la marge

Poésie – 333 pages – 20 euros – ISBN 978-2-919121-24-3


Rédigées alors que le livre n’a d’existence physique pour personne, il faut bien consentir à ce que ces lignes lui appartiennent sans pouvoir encore s’en détacher.
Si le titre a germé à mesure, il m’est par contre impossible de poser sur ce recueil couvercle ou enseigne. Ni l’exposer ni le protéger, pas même en parler, sauf à m’interroger sur l’effacement et le lieu où il advient.

Ce qui, en cet endroit, s’est écrit dans la marge n’a pas le caractère ou le statut que cette place confère. Colonne étroite, elle contient d’ordinaire des remarques, des jalons, des repères ; dans un autre registre, s’y affirment, sous couleurs d’autorité, volonté et capacité d’approuver ou de sanctionner, sinon de moquer.

Ici, la marge serait un ourlet, cousu sur toute la hauteur, contenant à la fois viatiques et poisons ou juste le bourrelet grossier d’une cicatrice naturelle. Quant à l’effacé… fortuit, accidentel, il attire le regard, le retient, intrigue. C’est ce que l’on voit en premier, quand on n’est pas encore accroché au corps du texte qui s’affiche au propre; alors, il distrait notre attention du «reste». Volontaire, il nous inclut, nous implique, nous désigne comme l’auteur d’une effraction, d’un forfait.

Ni pâté ni gribouillis ; pas de superposition destinée à rendre illisible, inaccessible, l’intention initiale. Ni détruire, ni faire disparaître. Si la rature est une signature qui insiste, affirme son rapport aux repentirs nets ou occultés, à ce que l’on assume de cela même que l’on renie, l’effacé, lui, inscrit une friche aux contours flous, hantée de mystères. Il désigne un dessein, un remords qui fait briller, par l’absence provoquée, une aspiration écartée ou enfouie.

L’effacé trace le rebord d’un no mind’s land chargé d’empreintes qui appelle à se pencher, se rapprocher ; c’est le lieu de l’obscurité cachée par la clarté insolite d’un blanc, l’envers opaque d’une perte, d’un manque. L’arrachement, le trou dans la mémoire vers lequel convergent les reflets conjugués où lecture/écriture confondent tant elles se confondent… Mais prendre en flagrant délit les lentilles déformantes de ses logiques mensongères n’est pas encore parvenir à s’en défaire.

Bien qu’il soit le dernier des trois mouvements de la pièce où il s’insère,comme un lendemain de soi est peut-être celui qui assume le mieux le travail d’effacement, le conduit le plus loin vers une sorte de dépassement, sans prétendre y parvenir.

mbh


 

 

en pure perte

Mireille Batut d’Haussy

collection hasta siempre

enpureperte75

en pure perte

Poésie – 386 pages – 25 euros – ISBN 978-2-919121-19-9


Sans prétendre ni feindre de le posséder, j’ai toujours essayé de donner ce que je n’avais pas.

De mai 2016 à janvier 2017, ce recueil s’est fait tout seul, dans une sorte de lâcher-prise, si l’on exclut le travail que m’a coûté de l’écrire moins que de le parler.

Il m’a tenu lieu de vie et le titre s’est imposé de lui-même, dès le début. J’aimerais qu’il ne fasse pas l’objet d’un malentendu ; le sens des textes qu’il rassemble s’y trouve, pour une grande part, contenu.

Qui je suis et ce que j’ai fait, avant, ailleurs et autrement, je préfère qu’on le laisse en blanc.

J’offre ce livre à ceux qui sauront y trouver, çà et là, quelque chose qui leur appartient déjà à ceux qui, au gré des pages, trouveront le galet qu’ils auront envie de ramasser pour le retenir, le garder, quelque temps… au fond de leur poche.

C’est pour eux qu’il a pris le risque d’exister.

mbh


Ame mon âme…

Batut d’haussy Mireille

collection Cinécrit

amemoname Ame, mon âme…crie l’oiseau dans un langage qui l’égare.
278 pages – 20 euros /
ISBN 978-2-9128-2490-5


 » Dans la nuit qu’il fait entre chaque image de soi recopiée, vingt-quatre fois par seconde, une vérité si noire qu’on en est ébloui. » Anne-Marie Garat, Merle.

Le choc d’une condamnation par la censure militaire à détruire soi-même jusqu’à la dernière image de son propre film a engendré le choix décisif du Cinécrit.

Le monde pelliculaire contient ce que l’irruption, dans ma vie, du tragique m’a révélé de plus pur ; il consacre mes noces indéfinies avec la fiction dans son aveuglante lumière. Les cabarets du Bon Dieu évoquent, en ouverture, la mise en scène de cette exécution. Il y a cela… toujours. Amparo Maria-Marquès crie, dans la tourmente des guerres civiles et son montage de flammes, quelque chose que l’on n’en finit pas de décrypter.

Dans son langage de feu, l’oiseau n’appelle peut-être que ces livres en devenir, projections du film brûlé.


Kiosq – juin 2009, chronique littéraire /Pol-Jean Mervillon

(Pol-Jean Mervillon parle du livre de Fernand Pouillon  » Les pierres sauvages », ce qui explique le « elle aussi » de son article.)

Mireille Batut d’haussy, galeriste à Paris puis à Dol-de-Bretagne, philosophe (…) metteur en scène, nous donne elle aussi une belle et humble leçon de savoir exister quand même à travers ce troublant « cinécrit » : âme, mon âme crie l’oiseau… dans un langage qui l’égare.

Ni roman, ni scenario mais mêlant les deux écritures, ce livre perturbant dans son langage même, exige une lecture à sa hauteur. C’est comme un film intérieur, un rêve si vrai que ce n’est pas un rêve et pourtant c’en est un, nourri d’un passé têtu et violent. Un ciné-cri cinécrit…


 

Clémence Marie-des-victoires

Batut d’Haussy Mireille

collection Télos

clemence

Clémence – Marie-des-Victoire
72  pages – 20 euros / ISBN 978-2-9128-2446-2


 » L’imaginaire, c’est ce qui manque au réel pour être vrai. Ouvriers de l’imaginaire, donc, ces fantômes-phantasmes contagieux qui décèlent une brèche dans l’asphyxiant purgatoire des dieux où ils sont confinés. Mais l’angoisse de l’ouverture qui marque un risque sécrète du concret à l’état pur ; et ces décaties du dérapage contrôlé sont soudain confrontées à l’horreur du possible et doutent d’avoir jamais été des idoles. Pourtant leur rire consacre, tambour battant, le succès de leur entreprise : rompre l’absurdité des jeux de pouvoir, pour servir ensemble de caisse de résonance à l’indicible pressenti.  »  MBH.


Un climat rêvé pour le poison Nabab /

 » Plage d’oubli pour macrosillons d’ultime déception.

Il porte en lui une enfance d’avant la lettre, à laquelle une certaine mort de l’esprit et du corps lui permet l’accès.

Elle, la gosse, est une plante jalouse, vorace, porteuse latente de la féminité trouble qui marque pour lui le seuil définitif d’un inéluctable exil. Qu’advient-il quand la bouée de sauvetage se meut en instrument de naufrage ? Rien ; du tragique à l’état pur, l’instant d’un homme ; pour dire sans mots la futilité des sentiments qui voudraient pervertir les mots.  » MBH.


Cri bleu sur fond bleu

Batut d’Haussy Mireille

collection Télos

cribleu

Cri Bleu sur fond bleu.
95  pages – 20 euros / ISBN 978-2-9128-2441-7


Ces cris graffités avec les ongles dans la lèpre des mur-mures n’ont jamais été que des cinés sur fond de cavernes. Aujourd’hui, ils sont  livrés, inscrits. Ce  » La  » dit donne à ces lambeaux le ton d’un bonheur, celui de pouvoir dire merci à ceux qui me l’ont permis.  MBH


 

La confession de Wolfgang A

Batut d’Haussy Mireille

collection Télos

wolfgang

La confession de Wofgang A.
107  pages – 20 euros / ISBN 978-2-9128-2444-8


Cône sud, années 70. Un rapport fou à la folie pour décrypter celle de l’histoire, la sienne confrontée au règne de l’Abjection.

Tuer – La mère risquée – au prix de la réalité.

Préférer le sacrifice à la douleur occulte, entretenue, qui sait ? idolâtrée, telle une preuve insigne de vie propre. Consacrer la perte sans la sacraliser.

Le dieu au couteau ne détient-il pas le mot de la faim, celui de la fin qui fait seuil… MBH.